On parle dans certaines légendes d’une ville nichée à flanc de montagne, où les demeures sont, pour certaines, directement incrustée dans la roche comme le seraient des pierres dans un métal lourd.
On ne peut voir les reflets de l’aube sur ces terres, le levé du soleil toujours dissimulé par la pierre, le temps plus souvent à la neige qu’aux grandes chaleurs. Et lorsque les nuages se font bas, ils dissimulent la ville elle-même, comme si cette dernière se trouvait protégée par la divinité qui y est honorée.
En ces lieux vit une population qui de toute génération fût adepte de Sram. Ces êtres des ombres, maniant la dissimulation et l’art du combat sournois, y vivrait en bonne organisation, si l’on en croit le peu que l’on en entend par ceux qui en sont revenus...
Là bas, à la naissance d’un enfant, des prêtres désignent le petit au Dieu qu’il lui faudra servir. Le désir des parents ne peut etre suivit que s’ils évoluent parmi les plus puissants.. J’ai entendu un jour un vieux prêtre raconter l’histoire d’une famille : les Andune. Ces derniers étaient de ce peuple et la femme attendait son premier enfant.
Le prêtre en question m’expliqua que son devoir en tant qu’officiant, consistait pour chaque enfant venant de naître, de le lier à son Dieu, se basant pour cela sur quelques visions ou signes connus d’eux seuls. Lorsque la femme sentit les premières douleurs de l’enfantement, il s’était hâté à son chevet, guettant sur le chemin les signes qu’il attendait pour guider sa décision.
Il croisa tout d’abord dans les ruelles abruptes de la ville, un boufton qui semblait blessé et l’acheva. Quelques pas plus loin, passant à coté d’un arbre mort il en vit tomber une branche juste devant ses yeux, et fut surpris de la voir verte, droite, marquant tous les signes de la vie alors que l’arbre qui la portait n’était plus que bois desséché depuis longtemps. Il ajouta ensuite, que la dernière chose qu’il vit juste avant d’entrer chez les futurs parents fut une ombre évoquant sans hésitation un être pourvu d’ailes. Cette troisième visions l’avait quelque peu rassuré sur l’instant mais il lui fallait annoncer une nouvelle difficile a entendre : l’enfant à naître ne serait pas un combattant, mais un bouclier, le boufton et la branche n’étaient que trop clairs a ses yeux.. Le petit serait un berger.. Cela arrivait peu, mais on ne pouvait renier la tradition d’un peuple.
Alors qu’il parlait aux parents, la jeune mère avait été reprise de douleurs, donnant le jour à un second enfant à leur grande surprise. Le vieil homme, proche de cette famille modeste, avait pris à ce moment une décision. Puisque du fait que l’enfant désigné pour être bouclier serait retiré à ses parents, il avait la possibilité de laisser le second.. Il évoqua alors la dernière vision qu’il avait eue.
En me contant ceci il se justifia en m’expliquant qu’il se faisait déjà vieux à ce moment, qu’il faiblissait.. et que c’est la raison pour laquelle il avait renoncé a ses obligations après cette double naissance, mais quelque chose dans sa voix surprenait lorsqu'il parlait de la jeune mère.. Si faiblesse il avait, elle n’était pas celles de l’âge à mon sens..
Je sais que mon histoire est un peu longue.. Mais permettez, un peu de patience.. Vous comprendrez bientôt où je veux en venir...
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J’en reviens à mon histoire...
Les jumeaux étaient une fille et un garçon, le vieux prêtre s’était dit qu’un mâle est plus utile au combat, aussi avait il désignée la fille comme étant celle qui partirai suivre l’enseignement propre aux disciples de Feca. Son frère quand à lui, suivrait le dogme de cette ville des ombres...
Il avait donc emporté l’enfant, promettant aux parents de cette dernière de cacher son existence, leur épargnant la honte de devoir dire ce à quoi elle était destinée.
Au pied de la ville, dans les ruelles les plus délaissées, vivotaient quelques uns de ces enfants que l’on « dressait » afin d’en faire des remparts vivants. Elevés par les plus vieux, poussés au sacrifice et brisés au point d’en faire des pions, Ils grandissaient en devenant des esclaves consentants, endoctrinés au point de ne plus penser par eux-mêmes, au point de ne plus penser a eux-mêmes...
La encore le vieux prêtre s’était arreté un instant dans son récit, semblant troublé a l’idée de révéler quelque chose, puis, donnant la sensation de retenir des mots tout en avouant à mi-voix avoir observé la gamine grandir.
Elle portait d’après ses dires, une légère tache de naissance qui au fil du temps lui avait rappelé l’ombre aperçue la nuit de sa venue au monde. Mais il ajouta alors qu’il divaguait peut etre, n’en étant plus très sur. était ce bien sur elle, ou sur son frère ... ? Avait il désigné chaque enfant dans sa véritable voie ne cessait il de se demander.
La fille était élevée dans le but de la dévouer à des combattants assez terribles, et se devait pour cela d’être docile. Le garçon lui, croiserai peut être un jour sa sœur sur un champ de bataille, prenant les coups pour les lui épargner, essayant de réduire ceux qui l’atteindraient.
J’avoue que tout cela me paraissait assez flou alors que j’écoutais ce vieil homme qui par instant marmonnait dans sa barbe mais alors qu’il commençait à avoir l’œil un peu brumeux du fait de l’absinthe qu’il buvait lentement, il dit une chose qui me surpris : ‘’L’enfant s’est échappée. Elevée comme elle l’a été, les premiers qui lui montreront un tant sois peu d’affection gagneront une esclave dévouée. Mais j’ai enfin saisi ce qu’était cette ombre cette nuit là.. Mon Dieu .. Par Sram j’ai enfin saisi...’’
Il s’était effondré, la tête entre ses mains, a demi emporté par l’alcool et une sorte de désarrois..
Aoi Hana