Légende d'un autre Monde, par Pénombre.

Une légende parle de deux êtres qui, défiant le temps et les ages, se
reconnaîtraient en plusieurs personnages. Ils auraient vu de leurs yeux la
Guerre des Dieux, auraient tremblé en regardant le ciel où les éclairs
témoignaient du combat qui s’y déroulait..

Certains disent même qu’il aurait été l’un de ces démons nés de Shilen,
qu’elle aurait été alors simple humaine, esclave des Géants…

Une vieille elfe me conta un jour ceci :

Lors de la guerre des Dieux bien du sang fut versé. Un jour, non loin
d’une cahute où vivait une enfant d’humains tomba un être étrange, mortellement
blessé. L’enfant regarda cet être et malgré sa peur et sa propre condition,
elle le prit en pitié. Elle lui soigna ses blessures autant qu’elle le pouvait,
elle ignorait alors tout de ce qu’il était.
Considérée alors comme un animal, esclave, elle était vouée aux pires
tâches comme tous les siens, les Géants leur réservant les travaux les plus
laborieux.

Lui, enfant de Shilen, blessé lors de ce combat qui semblait ne plus
vouloir prendre fin entre les Dieux, aurait du voir sa vie s’arrêter ce jour là.

La fillette avait taché de panser ses plaies, cherchant à sauver celui
qui était ainsi tombé non loin d’elle, et il fini par ouvrir les yeux,
dévoilant un regard sombre qui s’était posé sur Elle.
Enfanté dans la colère et la souffrance, envoyé au combat, ne
connaissant que le goût de la vengeance, il avait alors découvert un regard
plein d’une chose dont il n’imaginait pas l’existence : la compassion.

Il vit cette enfant travailler à la fois si dur et prendre encore le
temps avant de s’effondrer de sommeil, pour le soigner, tenter de lui épargner
la souffrance et la mort, lui fredonnant quelques mots qu’il ne semblait pas
saisir. Il s’étonna, ne comprenant pas, qu’elle puisse ainsi chercher à sauver
un être tel que lui. N’était il pas un démon, enfant renié par son père et venu
au monde au sein de la colère de sa mère…

Mais elle ne voyait pas cela, et continuait de chanter pour lui. Quand
elle su au fil du temps que rien, qu’aucun effort ne pourrait le sauver, elle
le surpris davantage encore en versant des larmes pour lui.


Il voyait cette enfant à la vie si misérable pleurer à l’idée de le
perdre…


Elle voyait cet être plus misérable encore, de ne comprendre le prix de
la vie…


Il fut alors bouleversé par son regard, et lui dit dans un dernier
souffle qu’ils se reverraient sans doute un jour…

Pour lui il s’était écoulé peu de temps, pour elle, petite humaine à la
vie si éphémère, il s’était passé des années, et lorsqu’il lui fit ce serment
en rendant son dernier soupir, c’était à une femme d’age mur qui semblait
veiller sur son fils. Elle garda en elle ces quelques mots, et alors
qu’elle-même voyait sa vie s’achever, bien des années plus tard, on dit qu’elle
les aurait prononcés à son tour, dans un murmure, chanté très bas sur l’air
qu’elle lui avait toujours réservé. Elle aurait fermé définitivement les yeux
lorsque les combats dans le ciel cessèrent, après avoir vu les dragons
s’enfuir.

On dit qu’après cela beaucoup de créatures rejoignirent le monde de
Shilen, poussées là par les inondations causées par l’irresponsabilité de sa
soeur Eva. L’esprit de l’être disparu aurait ainsi trouvé à se glisser dans le
corps d’un enfant à naître, échappant de cette façon au royaume de Shilen.

Alors que le marteau de Gran Kain s’abattait sur la ville des Géants,
entre les mains d’Einhasad, il avait pu voir la colère de la Déesse ravager la
civilisation des Géants et repousser les derniers représentants de cette race
puissante sur une parcelle de terre reculée. Il avait couru pour se protéger
des flammes, rencontrant une femme qui tentait de trouver aussi un refuge. Tout
deux s’étaient réfugiés dans une grotte, entourés d’autres personnes venues là
dans le même but. Il lui semblait qu’elle était celle qu’il cherchait, mais
elle semblait ne pas le reconnaître. Elle songea qu’il lui donnait l’impression
de l’avoir déjà croisé, mais elle ne parvenait à se souvenir… Comment aurait
elle pu ? L’âme de la fillette autrefois ayant vécu en pansant les plaies
d’un démon avait trouvé refuge au sein d’un corps d’elfe qui ne pouvait
reconnaître en cet humain qui se trouvait devant elle une connaissance même
lointaine.

Cette ère de chaos était difficile pour les Elfes qui voyaient les Orcs
les défier. Ce fut parmi les troupes d’humains venus renforcer leurs rangs
contre les orcs que la jeune elfe reconnu celui croisé quelques années plus
tôt. Il avait vieilli, elle avait a peine changé.. Et alors qu’une certitude
incompréhensible pour elle naissait dans son esprit, lui disant qu’elle
connaissait cet humain, elle le voyait partir se battre.

Se précipitant vers la troupe qui entamait sa marche elle s’était mise
devant lui, l’avait fixé un instant, puis niant cette impression inexplicable
elle se détourna tout d’abord, et l’entendit murmurer simplement qu’ils se
reverraient un jour.
Prise d’un vertige la jeune elfe aurait été emportée par les siens et
mise a l’abri, l’homme lui, serait partit combattre et se serait éteint sur le
champs de bataille quelques temps après…

Je fais ici une pause et je vous pose cette question : pensez vous
cela possible ? Croyez vous que l’on puisse ainsi trouver en quelqu’un une
connaissance jadis croisée ? Quelles forces seraient capables de jouer
ainsi avec deux destinées ?

Mais l’histoire de cette conteuse étrange ne s’arrêtait pas là.

Car d’après ce qu’elle me confia, ces deux âmes se croisèrent encore
bien des fois. Traversant les temps, subissant les conflits, souvent opposées
même de par les races dans lesquelles elles s’incarnaient. On le dit ainsi
avoir été du coté des mages de la tour d’ivoire lors du sortilège lancé pour
combattre Beleth, elle n’aurait été qu’une parmi tant d’autres humains,
emportés par ce même sortilège de magie noire touchant les terres de Gludio… Il
aurait été parmi ceux travaillant à ériger la tour de l’empereur Baium, la
croisant dans le regard d’une paysanne, servante à la cours de ce même
empereur. Prise dans les conflits ayant suivit la disparition de ce dernier, il
ne l’aurait reconnue qu’alors qu’elle fermait les yeux après avoir été frappée
par une dague assassine ayant voulu lui soutirer des enseignements… et chaque
fois ces quelques mots, simplement, disant qu’il se reverraient un jour.



(a suivre peut être, ou à poursuivre)




(à suivre)